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Blog d'informations sur le e-learning et les TICE !

Faut-il laisser libre accès à Internet durant les examens ?

Faut-il laisser libre accès à Internet durant les examens ? Les examens approchent et les apprenants se lancent dans les révisions. Mémoriser des dates, des faits et leurs conséquences, retenir les exemples les plus pertinents pour illustrer ses propos, voilà, une partie des tâches auxquelles s’attellent les futurs diplômés.
 
Le gouvernement danois propose désormais de tolérer l’accès à Internet durant les examens, c’est ce que rapporte Bobbie Johnson sur le site du Guardian. Ainsi, la collecte d’information et leur mémorisation est considérée désormais comme "une tâche qu’il faut mieux laisser aux ordinateurs"
  
Il parait stupide aux parlementaires danois de priver les apprenants d’"un outil qu’ils sont régulièrement invités à utiliser aux cours de leurs études".

Sur le premier point on peut toutefois être dubitatif. Certes Internet constitue une mine d’information. Il faut néanmoins être capable d’identifier les informations les plus pertinentes. A cette fin il me parait essentiel que des éléments minimum soient mémorisés. L’auteur suggère qu’à l’image de la calculatrice, qui a supplantée le calcul mental y compris pour des opérations basiques, l’utilisation d’un ordinateur relié à Internet pourrait aisément remplacer une partie de notre mémoire. Il semble oublier que les opérations basiques ont été mémorisées en amont et que c’est grâce à cette assimilation de connaissances basiques que l’apprenant peut utiliser la calculatrice. De même, il me semble que tout sujet doit être à minima maîtrisé si l’on souhaite une utilisation intelligente d’Internet. La proposition danoise peut s’avérer cohérente, mais elle ne me parait applicable que si les apprenants disposent de pré-requis suffisants pour traiter les thèmes évalués et qu’ils soient suffisamment autonomes pour les mobiliser dans un processus de réflexion.
  
Je partage par contre l’avis des danois sur le second point. Internet se démocratise et son utilisation devient courante dans tous les domaines : déclarations administratives, commerce, loisirs… Pourquoi en serait-il autrement dans le monde éducatif, y compris lorsqu’il s’agit d’examen ? Des ressources documentaires issues d’articles de presse sont parfois proposées comme support. Pourquoi ne pas ouvrir plus largement cette disponibilité des ressources en laissant l’apprenant trouver ses propres arguments et ses propres illustrations ? Pour Søren Vagner, consultant danois dans le domaine de l’éduction, Internet est "un bon moyen de recueillir des faits historiques ou de trouver un article utile dans un examen écrit d’instruction civique par exemple".
 
Et en terme de limites me direz-vous ? Les danois les prennent bien sur en compte dans leur réflexion. La lutte contre le plagiat parait relativement aisée, en effectuant une simple recherche sur une phrase au hasard par exemple. Le recours à des personnes ressources, autres apprenants ou personne extérieure parait plus complexe. Comment éviter les clavardages et échanges sur les forums au cours de l’évaluation ? C’est un problème auquel les tests prévus jusqu’en 2011 tenteront d’apporter une réponse.
 
Au-delà de ces limites opérationnelles se pose également la limite  de la double fracture numérique inspirée par les travaux du laboratoire M@rsouin.
 
En premier lieu, le développement de l’ADSL et de l’accès à Internet est inégal sur le territoire national. Le recours à une utilisation d’Internet pourrait fausser l’égalité entre candidats voire entre examens de même niveaux, certains établissements proposant leurs examens "avec Internet" et d’autres "sans Internet".
  
En second lieu, comment garantir l’égalité vis-à-vis de l’accès aux examens pour des étudiants dont l’autonomie en matière d’utilisation de l’informatique peut s’avérer très hétérogène ? Il faudra encore un certain temps avant que la capacité d’usage d’Internet rejoigne celle de la lecture. Des programmes sont mis en place pour les jeunes générations mais l’usage est plus ou moins fréquent selon les apprenants. Il faut donc être prudent pour que la fracture en terme d’usages ne se transforme pas en gouffre en matière d’accès aux diplômes et aux qualifications. Rappelons l’initiative "Visa Internet" de la Région Bretagne qui vise à combler ce fossé.
   
L’utilisation d’Internet au cours des activités de formation semble aujourd’hui une évidence, pour preuve le fort développement des solutions e-learning (WK-RH: "Les tres grandes entreprises ont adopte le e-learning"). Mais cet usage présente la particularité de pouvoir être accompagné, le blog de T@d alimente régulièrement notre réflexion sur l’importance du tutorat. L’usage dans le cadre d’une évaluation nécessite quelques précautions car l’apprenant est plongé dans une situation au cours de laquelle des difficultés en terme technique pourraient le conduire à échouer à des examens pour lesquels il présente par ailleurs toutes les autres compétences pour réussir.
  
Dernière minute ! Skolanet cité dans le Monde.fr ! Etonnant, non ? Et si l’on autorisait les bacheliers à se connecter à l’Internet ? Article de Jean-Marc Manach (29.05.09) 
     
Sources

  
Image : Guardian, Technology blog
  
L'article du Guardian : "Danish schools ready to trial internet access during exams"
  
WK-RH : "Les très grandes entreprises ont adopté le e-learning"
  
Présentation du projet danois sur France-info
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