Il y a des billets que l'on hésite à publier. C'est le cas des billets résultant d'une réflexion personnelle plus ou moins étayée, d'un concept qui traverse l'esprit et que l'on a du mal à vraiment définir. C'est le cas de cet article rédigé il ya quelques jours et que je me risque à publier ce soir. Mais après tout, les idées, bonnes ou mauvaises, sont faites pour être partagées.
C’est à la relecture de mes tags que je me suis aperçu que de plus en plus de concepteurs d’outils en ligne suggéraient d’utiliser leurs outils en présentiel. On connaît désormais bien les dispositifs en blended-learning, dispositifs au cours desquelles se succèdent activités en salle et à distance, ils sont en pleine expansion. De nouveaux dispositifs font leur apparition. Ces dispositifs que je qualifierai de "atomic-learning", pour conserver une consonance propice au comparatif, intègrent les usages d’outils web comme une interface entre le distanciel et le présentiel.
Voici la manière dont je perçois ces dispositifs :
L’"atomic-learning" est un dispositif dans lequel l’apprenant est en constant apprentissage. Lors des temps présentiels il est acteur et produit des contenus qu’il pourra ensuite réutiliser à distance, il se projette à l’extérieur. Lorsqu’il est à distance il se réapproprie, individuellement ou collectivement, les contenus du présentiel. La formation ainsi organisée est constituée d’atomes de formation qui inter-agissent les uns avec les autres. De ce fait, l’apprentissage se complète au fur et à mesure des besoins et ne s’impose plus à l’apprenant dans le seul ordre du concepteur pédagogique. Celui-ci devient un guide dont le rôle est d’aider l’apprenant à cimenter l’assemblage pour que la formation achevée soit solide.
L’"atomic-learning" suppose également une bonne maîtrise des outils par l’enseignant et une grande polyvalence. Il est l’ingénieur qui mène les travaux. Il ne doit pas se substituer à l’expert mais se doit d’être polyvalent pour analyser et pouvoir intervenir ponctuellement sur l’ensemble de la mécanique d’apprentissage aux points de vues techniques, économiques, humains…Bref, un vrai tuteur au sens large du terme.
Enfin l’"atomic-learning" est un travail en dynamique. Les atomes de formation se frottent et génèrent des flux d’énergies importants qu’il faut maîtriser. C’est aussi le travail de l’ingénieur formateur. Il faut canaliser ces flux pour que les énergies soient cumulatives. Il y a un risque à voir ces forces s’annuler et perdre tous le bénéfice des efforts fournis.
Voici quelques exemples qui vont dans le sens de cette idée de convergence des dispositifs de formation vers l’"atomic-learning" :
Utilisation de Twitter en cours : Partage avec des personnes dans la salle et en dehors de la salle, voir 50 applications sur le réseau apprendre 2.0.
Proposition de Edulang : Utilisez English addict (outil conçu pour être en ligne) en salle de cours
Développement de l’utilisation des LMS et ENT: en salle comme à domicile mais toujours en contact
m-learning : Le téléphone portable support de cours dans la classe comme en dehors
…
Peut-être faut il aujourd’hui abandonner l’idée selon laquelle « Il faut du temps pour apprendre » pour laisser place à « J’apprends tout le temps ». Cette approche plus positive est à mon sens plus constructive pour un développement global des compétences. Cette idée d’auto-apprentissage, au cours duquel chaque individu construit ses savoirs à tout moment, est probablement un des éléments qui marque l’évolution actuelle des formations. L’"atomic-learning" ne serait que l’expression de dispositifs de formation qui placent l’individu en situation d’apprendre et co-apprendre par de multiples moyens et en de multiples situations spatio-temporelles.
Jacques Folon suggère dans le diaporama ci-dessous une certaine forme d’ubiquité des étudiants qui sont capables d'être actifs plus de 24 heures par jour grâce à leurs activités en ligne, ils sont certainement capables de consacrer ces heures supplémentaires à pratiquer l’"atomic-learning"... à moins qu'ils ne le fassent inconsciemment en acquérant par exemple des compétences en terme de pratiques collaboratives par l'usage des réseaus sociaux.
Je vous l'avais bien dit, il ya des articles pour lesquels on hésite beaucoup. Mais si comme moi vous vous interrogez sur une pédagogie adaptée au XXI ème siècle, je suis sur qu'à un moment ou à un autre vous avez imaginé quelque chose ressemblant à mon "atomic-learning".